Le combat de Stéfanie – Partie 2

Le combat de Stéfanie - Partie 2

Le vendredi 23 septembre 2022.


Une date qui restera longtemps gravée dans ma mémoire.
C’est la date de ma première chimio.

Cette journée est restée un peu flou dans ma tête. Je me souviens du stress, de l’angoisse, des larmes et des larmes que j’ai versé.

Je me souviens d’ailleurs des larmes que j’ai versé la veille en allaitant ma fille pour une dernière fois. Je me souviens de mon cœur en miettes. Je me souviens de la douleur, de l’incompréhension, de la colère. Je me souviens du sentiment d’injustice.

Cette journée de ma première chimio, j’étais accompagnée de mon papa. J’étais terrorisée. Je n’avais aucune idée dans quoi je m’embarquais, mais en même temps je pouvais m’imaginer. J’avais en tête ces gens qui faisaient de la chimio, qui étaient faibles, qui avaient mal, qui n’avaient plus de cheveux et qui vomissaient. C’était la seule image que j’avais de la chimio. Une image de gens gravement malades.

On m’avait prévenu des effets secondaires. On m’a dit que j’allais devoir cesser mon allaitement parce que la chimio passe dans le lait maternel. C’était tellement injuste. Injuste de devoir vivre une telle chose. Injuste que la vie m’oblige à mettre fin à mon dernier allaitement de mon dernier bébé. Injuste qu’on m’impose des choix qui ne sont pas vraiment des choix après tout.

Je me souviens de cette première chimio…
J’écris ces mots et les larmes coulent. Ce sont de douloureux souvenirs.

Terrorisée, angoissée, brisée. J’attend dans la salle d’attente pour mon tout premier traitement. L’infirmière viens me chercher. Elle me demande comment je vais…

Mal, très mal. Je n’ai aucune envie d’être là, malgré que je sais que c’est ce que je dois faire si je veux combattre la maladie. Je me met a pleurer. Je panique. Je tremble. On m’installe sur un fauteuil. J’ai peur. J’ai envie de m’enfuir. Je ne comprend pas ce qui se passe, pourquoi je dois vivre ça. Les infirmières sont très douces, malgré que je suis paniqué.

Moi qui déteste les aiguilles. On me dit qu’on va me piquer dans la main et c’est comme ça que je vais recevoir mon traitement. Dans la main? Ben voyons! Les veines sont minuscules! Mais c’est la procédure. On me pique une fois, la veine éclate. Une deuxième fois, la veine éclate encore. Puis on me repique une troisième fois. Cette fois c’est la bonne.

J’ai envie d’ouvrir les yeux et de me réveiller d’un mauvais cauchemar. Mais non, tout ça est bien réel. Je ne comprend pas ce qui m’arrive, qu’est-ce que je fais sur un fauteuil entrain de recevoir un traitement de chimiothérapie. On m’explique que le traitement dure environ 4h. On m’explique tous les médicaments qu’on va m’injecter.

C’est paniquant. Je continue de trembler, de pleurer. Je pense que je n’ai jamais vécu quelque chose d’aussi difficile dans ma vie. J’aurais mille fois préféré accoucher plutôt que d’être sur ce fauteuil. Tout deviens si réel. Il n’y a plus de retour en arrière. Et dire que j’ai 16 traitements à faire.
On me donne du Benadryl en intraveineux. Méchant buzz! Je suis étourdie. J’ai de la difficulté à regarder les infirmières et la pharmacienne qui me parle. Je suis confuse. Je ne comprend pas ce qui se passe. Je déteste ça. J’ai envie que tout s’arrête. On m’explique que c’est normal comme sensation. Je continue de trembler, j’ai le bras engourdis. On me dit que c’est probablement parce que je suis trop stressée. Probable, et plus j’y pense, plus j’angoisse, moins j’ai l’impression de pouvoir contrôler ce qui m’arrive. L’infirmière me demande si je souhaite avoir un massage de jambes pour me détendre. J’accepte. La massotherapeute arrive et elle parviens à me calmer un peu.
La suite est un peu floue.

J’arrive à dormir un peu. Disons que le mélange d’ativan et de Benadryl aident à ce moment là. Puis le temps passe et la fin arrive enfin après environ 4h de traitement.

Enfin.

Je quitte l’hôpital et je vais me reposer chez mes parents. Et dire qu’il me reste encore 15 traitements à faire…

Les premiers 12 traitements de la série de 16 sont à chaque vendredi. Je prend quelques jours pour me reposer chez mes parents et en début de semaine je retourne à la maison.

Les premiers jours suivant la chimio sont les pires. Je suis très fatiguée, j’ai des nausées, des maux de tête. Puis après quelques jours, je reprend des forces et puis BANG, encore un traitement. Et la veille de chaque traitement, j’avais des prises de sang pour s’assurer que j’allais bien. Moi qui a horreur des aiguilles, j’ai du apprendre à faire avec!

Les traitements suivants ont été similaires. Angoissée, terrorisée, stressée, anéantie… j’allais de reculons à chaque traitement.

À chaque traitement je tremblais, je pleurais. J’aurais tellement voulu être ailleurs, mais en même temps si j’étais ailleurs, je n’aurai pas la chance de vivre. Les gens me disaient que j’étais courageuse. Mais en même temps, est ce que j’avais vraiment le choix?

Mes cheveux ont commencé à tomber vers le 3e traitement. Je savais que j’allais perdre mes cheveux. Mais comme dans n’importe quoi, c’est difficile de se l’imaginer tant qu’on ne le vis pas.
J’avais déjà vécu 4 grossesses, alors je savais ce que c’était que de perdre ses cheveux en post partum. Mais perdre ses cheveux en traitements des chimio, ça n’a rien à voir. J’effleurais seulement mes cheveux et des grosses mottes de cheveux s’enlevaient. J’ai coupé mes cheveux moi même plus court. Je me disais que s’ils étaient plus court, peut-être qu’ils allaient moins tomber. Ou peut-être tomber moins rapidement?

Mais non, ça n’a pas changé pas grand chose, autre le fait qu’ils étaient moins long au sol quand ils tombaient. Et puis j’ai commencé a avoir mal à la racine des cheveux. Tu sais la sensation quand tu te fais une couette serré très longtemps et puis que tu la défait en fin de journée? Bin c’était pas mal la même sensation mais à temps plein. Je me couchais le soir et c’était douloureux de déposer ma tête sur l’oreiller avec mes cheveux.

Alors à peine 4 semaines après le début des traitements… j’ai décidé de raser mes cheveux. J’ai attendu que mes enfants soient au lit et j’ai demandé a leur papa de me raser. On a commencé à me faire une coupe au clipper pour garder une toute petite longueur. Mais ce n’était vraiment pas joli. On voyait des gros trous parmi le peu de cheveux qu’il me restait, alors on a rasé, raz le coco. C’était très difficile de voir tomber mes cheveux. Je pense que la perte des cheveux a été une des étapes les plus difficiles. De voir ma féminité s’envoler comme ca, ça a été dur (et ce l’est encore aujourd’hui).

Je me souviens m’être regardé dans le miroir. En fait j’ai regardé ma tête dans le miroir. Je n’avais pas le courage de me regarder dans les yeux à ce moment là. Ça a pris près d’une semaine avant de pouvoir me regarder droit dans les yeux dans un miroir.
Et puis, mes cils ont commencé à tomber à leur tour, puis mes sourcil et tous les petits poils sur mon corps.

Je vous laisse sur une photo de moi en décembre 2022. Une partie de moi qui est difficile d’accepter.

Le combat de Stéfanie - Partie 2

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